Antidoping

(Mexico, le 17 mai 2000)

Le groupe ?
7 personnes : Miguel Kabuto : basse, chant ; Arturo Manzo : guitare ; Jacobo Govea : percussions, chant ; Pedro Apodaca : batterie ; Manuel Apodaca : clavier ; Kenji Fukushima : guitare ; Jose Grela: saxophone, chant.
José : « donc on est les 7, le groupe a changé depuis le début jusqu’à maintenant, et ça c’est la formation actuelle, qui a déjà 3-4 ans, en passant par des hauts et des bas, des moments difficiles, on s’aide, et ça s’est maintenu, ce qui est important, et je crois que maintenant on est dans un moment assez fort, le groupe est très uni.

Les origines du groupe ?
Miguel : « bon, bien sûr on n’a pas une date précise, mais plus ou moins on calcule 7 ans quand la bande a commencé à se réunir. C’est cool, parce que la première fois qu’on a joué, c’était dans la rue, on a beaucoup joué dans la rue, sur la place de Coyoacán spécifiquement. C’était se donner à l’improvisation, au moment, au fait qu’on pouvait se faire virer de la rue. Mais ça nous a bien réussi. Et maintenant, grâce à d’autres gens, des contacts avec d’autres groupes, on a un atelier qui existe depuis un an, pour les gens qui veulent faire du reggae, on leur dit jamais non, tu viens à la maison, on se passe des accords, c’est pas un cours, on n’est pas les profs, on partage, tu joue ça, ça peut sonner reggae. Surtout il y a l’idée que la culture est dans la rue, on a participé à pas mal d’événements de rue, c’est important dans le groupe, on maintient l’origine.

Que pensez-vous de la Casa Rasta (bar qui se dit reggae à Mexico) ?
Miguel : on y a été un moment, on connaît bien le patron, c’est un bon copain, il nous a proposé d’y bosser, parce que bon, pour faire les productions et trouver le fric comme indépendants, t’as besoin de bosser. Nous on travaille aussi en dehors de Mexico d’une manière commerciale en jouant des reprises, c’est stratégique, et on joue aussi nos morceaux, et ça nous a donné des résultats, et de cette manière, grâce au fait de casser le truc de « nan, moi je joue pas autre chose, pas de reprise », grâce à ça on a eu l’opportunité de payer notre propre production, du 2º disque.
La casa Rasta on connaît bien, c’est une super casa Babylone, et le mec le sait, c’est un business, c’est un commerçant, « c’est mon commerce, et je m’en fout que vous soyez d’accord », une bande jamaïcaine a travaillé ces temps-ci là-bas, c’est bien, bon, ça n’empêche pas d’être un bar ou ils passent du reggae commercial, quand d’autres te proposent d’autres sensations, mais bon, définitivement, là-bas se diffuse le reggae, arrivent les pre-yuppies, les super yuppies à écouter du reggae, que ce soit le pire de reggae, ils écoutent du reggae, et ça c’est bon pour le reggae, pour ceux qui aiment le reggae. Et pour nous ça a été une source de travail, maintenant on lui dit que non, on n’a pas envie, parce qu’il ne nous paye pas ce qu’on veut, donc on n’y va plus, mais ça m’est égale je ne me préoccupe pas d’être là-bas. On peut aller en dehors de Mexico travailler, et gagner la même chose.

Et pourquoi « Antidoping » ?
José et Miguel : En réalité c’est anti antidoping. C’est partie d’une blague, une anecdote. On répétait chez Pedro, et ceux qui voulaient fumer, on allait sur le toit. On revenait, bien tranquilles, et y’avait un copain, qui ne fume pas et en plaisantant nous a dit qu’il allait nous appliquer l’antidoping. On s’est bien marré, et c’est resté. Et aussi une fois des copains bien sympas nous ont offert un journal vespéral ou le gros titre disait « antidoping a jefasos », ça nous a bien fait marré, et d’ailleurs on a fait un collage et on a mis notre photo. Bon, la nouvelle parlait qu’il allaient appliquer l’antidoping aux chefs de la police. Donc nous « si si, on est les grands chefs ! ! »
Miguel : mais bon, Antidoping essaye de faire le mieux, des fois ça te coûte beaucoup, t’es jamais content avec le travail, parce que tu crois que tu peux faire mieux, et ça c’est bien important, comme n’importe qui, tu prépare un gâteau et tu dis il aurait pu être meilleur, peut être que le beurre n’était pas le meilleur, et çà, çà fait que tu fasses la fois suivante un gâteau meilleur, ça nous fait ça pour nous.

Vos influences ?
Miguel : les influences sont bien riches, on n’est pas non plus des ânes avec les yeux braqués, reggae, reggae, reggae. Nos influences viennent depuis qu’on est petit, et tu commences à écouter de la musique, t’écoutes du rock, divers trucs, qui te bougent, mais pas forcement autant que d’autres et y’a toujours un truc qui te dit que tu cherches quelque chose de différent. Et tu découvres le reggae et tu dis « C’est ça, c’est ça que je veux ! ». Mais les influences dans le reggae, bien sûr, sont les plus marquées : Yellowman, Bob Marley, T Tools, Jack Miller, toute cette bande que tu apprends à connaître, et à écouter, mais depuis le début toute la musique qu’on écoute depuis qu’on est petit forme ton caractère, ta vie musicale, c’est ce qui t’amène à dire moi je veux être musicien, çà, çà me plait, çà çà ne me plait pas.

Comment définissez-vous votre reggae ?
Miguel : C’est du reggae urbain, avec des caractéristiques de mariachis (jajaja), ça arrive non, le reggae que tu joues des fois n’est pas pareil au reggae jamaïcain, il a ton goût, local, mais le nôtre est très urbain.

Et les thèmes abordés ?
José : thèmes très libres, Antidoping a la liberté d’expression, tu peux dire ce que tu veux, comme tu veux, qui veut, on t’accompagne, on fait la musique.

La composition ?
José, Miguel et Arturo : Pareil, c’est libre, y’en a un qui écrit des paroles, je compose la musique, un autre propose un mot, quelque chose. de mieux. C’est très libre, on se donne l’opportunité de savoir qu’on a tous la capacité de créer, c’est important. Pour ça c’est quotidien, urbain, des fois frais, un peu radical. Et tous les jours on fait un hommage à la musique, à celle qui nous remplit le plus le cœur, au reggae.

Les festivals auxquels vous avez participé et vos projets ?
José et Arturo : bon, bien sûr on participe au Razteca, mais actuellement, on a le projet de voyager en Europe, on a des contacts en Espagne, on a l’espace pour jouer, à Madrid, Valladolid et Barcelone. Mais on n’a pas les thunes pour le voyage… On pouvait trouver des billets pas trop chers, mais avec l’été, c’est impossible, et nous on voulait y aller maintenant…et bien sûr on voudrait faire la promotion de la musique, en Europe on connaît peu ce qui se fait ici, on accumule ici, et rien ne sort…

Ben alors que connaissez-vous de la musique européenne ?
José et Arturo : on connaît un peu, surtout grâce à la « Hermandad rasta », qui ramène de la musique du monde entier, pas toujours le plus commercial, par exemple Tonton David, Pinturra Fresca d’Italie, on récupère des compilations, on ne connaît pas les albums en général. José : « Du reggae que je connais de France, très bon reggae, j’aime beaucoup ». De fait, on revient juste de San Cristobal de las Casas, où on va souvent, et bon, là-bas, on a connu des Autrichiens et des Français, qui nous ont invité, mais toujours pareil, les billets d’avion…

Vos disques ?
2 disques, le premier de 1995 et le dernier un live de 1997 sorti en 1998. Pas mal de matériel pour penser dans le prochain disque.

Vous allez maintenant réagir rapidement à des mots.
ska : José : musique amusante, dynamique, énergétique, ce dont beaucoup de jeunes ont besoin, sortir toute cette énergie. Quand tu vas à un concert de ska, c’est pour sauter, suer, et je crois que beaucoup de jeunes ont cette nécessité ici dans la ville, bien stressante.
Arturo : élémentaire, surtout pour les jeunes qui n’ont rien de mieux que foutre le bordel, mais y’a pas beaucoup plus, parce qu’en plus le ska qui se fait ici au Mexique, la majorité des groupes, c’est plutôt rock, punk.
Miguel : le ska au Mexique a une histoire, ici un groupe fort qui a été La Maldita Vecindad a diffusé la fusion du ska, du reggae et du rock. Et le ska que les groupes jouent maintenant est très « à la Maldita », plus punk. Y’a des mecs de Monterrey qui jouent le ska dans le style des Specials, très britannique, ils s’appellent Inspector, très Madness. Le ska comme dit Arturo peut être très élémentaire. Mais comme c’est utilisé ici, c’est presque inaudible, les paroles, tu ne les comprends pas, tous les groupe ont une section de cuivres et pas au top, pas accordés, avec un clavier qui rattrape (pip pip pip..). Quelques-uns ont développé ça, la Tremenda Corte, leurs cuivres sonnent accordés, Panteon Rococo aussi qui dit non, nous on ne fait pas que du ska, on fait du rock, une fusion. Mais c’est un groupe aimé par les jeunes qui écoutent du ska ; il leur manque pas mal de boulot et connaître plus les Skatalites qui sont les maîtres, d’un ska très pur, plus lié au jazz. Par exemple, les Skatalites avait un saxophone, David Moore qui fait du free jazz, type Tom Cherry, qui fait des trucs excellents, mais ça c’est un boulot de musiciens, pas comme dit Arturo, pour vouloir faire la teuf, mais vraiment un boulot de musiciens.
Bob : Arturo : un de grands diffuseurs du reggae, excellent.
Zapatismo : Arturo : Excellent !

Merci les Antidoping.

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