Un Kuartito

Miramont de Guyenne (novembre 2002)
Interview de Toshiba avec le batteur Emiliano et le guitariste José Boro El Favalli.

Presentez-vous s’il vous plaît :
Nous sommes Un Kuartito, un groupe de Buenos Aires en Argentine. Nous sommes ici à Miramont avec 5 membres : Juan Pedro, José, Emiliano, Ana Sol y Martín soit une guitare, la basse, la batterie, les percus, le clavier et les samplers.

Racontez nous l’histoire du groupe :
Le groupe s’est formé en 1992. Certains membres ont eu l’opportunité de participer à un événement culturel avec la France, c’était Cargo 92 avec la Mano Negra et Royal de Luxe. Et le groupe a continué et on a sorti notre premier disque en 1995 : « Sal A La Calle». Il est suivi de « Escalofríante » tandis que certains membres du groupe changent. Avec le disque « Escalofríante » nous avons fait différents concerts, en fait on est toujours en train de faire des concerts à Buenos Aires. En 1996, nous partons pour notre première tournée en Californie et au Mexique. Ensuite nous avons joué aux côtés de Manu Chao en 2000, nous avons fait la première partie au stade Obras. Mais le combo a activement participé à plusieurs événements sociaux durant toute son histoire depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui avec des manifestations ou d’autres choses liées à la culture. Nous sommes toujours présents et en train de soutenir cela. Enfin notre troisième disque indépendant « No Pares, Non Stop » est sorti en 2000. Nous avons joué en Californie, là-bas nous avons pu entrer en contact avec des gens afin d’éditer le disque en Europe par l’intermédiaire d’un label indépendant allemand. Enfin nous sommes arrivés à la tournée actuelle et pour être ici à Miramont, prêts à entrer sur scène.

Ce label indépendant est donc le vôtre ?
Oui, en Argentine le label s’appelle Circo Marisko, qui est le nom de l’un de nos spectacles que nous donnons à l’air libre. En effet, en plus de la musique Un Kuartito propose d’autres événements chaque fin de semaine sur les places de Buenos Aires. Nous faisons des spectacles mélangeant humour et musique auxquels participent les gens, toute la famille. C’est de là que vient le nom de notre label indépendant en Argentine. Nous avons choisi ce nom parce qu’il représentait une autre manière de travailler : ces shows dans la rue, en plus des concerts le soir.

Ici Manu Chao est quelqu’un de très connu. Comment çà s’est passé, l’accompagner pour un concert ?
Le groupe a découvert Mano Negra en 1992 quand ils sont venus en Argentine. Nous avions déjà en route notre projet. Nous avons vu Mano Negra et nous avons reçu une claque. Nous avons été fortement influencé par toute cette « averse » culturelle qui est arrivée de France. Nous devons reconnaître que, comme toute l’Amérique latine, nous avons beaucoup été influencé par la Mano.
Ce fut vraiment fou de voir en 2000, 8 ans après, Manu, qui venait pour la deuxième fois à Buenos Aires nous appeler pour jouer avec lui dans le stade Obras devant 6000 personnes, spectaculaire, … ce fut un concert inoubliable. Et à la fin du show lorsque nous étions dans les loges, en fait c’est l’un des meilleurs concerts que j’ai vécu…., il est venu nous dire merci et qu’il avait passé une très bonne soirée. Ce fut un moment très fort.

Et est-ce que cela vous a offert des portes pour l’Amerique Latine ?
Non, non. La situation actuelle en Argentine est très difficile. Pour des groupes indépendants comme Un Kuartito, il est très difficile de partir jouer en province, à l’intérieur du pays. Ceux qui aujourd’hui peuvent le faire sont les grands groupes ou ceux qui appartiennent à de grands maisons de disques. Pour nous c’est difficile en ce moment. Avoir joué avec manu ne nous a rien ouvert, ce fut quelque chose de personnel, une satisfaction du groupe. Nous avons vu Manu Chao jouer en 1992 avec la Mano Negra dans un stade à moitié vide et quand il est revenu il a dû faire trois shows dans ce même stade et nous avons eu la chance de partager la scène avec lui. C’est quelque chose de personnel, quelque chose à nous, qui appartient à chacun des membres de Un Kuartito.
la tournée nous l’avons organisée de manière indépendante mais grâce à l’aide très précieuse de Fernando Bernadez qui est notre gourou, disons, qui vit à Los Angeles et qui est entré en contact avec des Allemands et qui leur a dit « je viens avec le groupe en Europe et on commence à travailler ». Pour nous venir seuls ici aurait été très difficile, c’est à dire qu’en fait les portes, ce n’est pas Manu qui nous les a ouvertes mais plutôt Fernando Bernardez.

Parlons de votre nouvel album « No Pares, Non Stop » que vous êtes en train de promouvoir durant cette tournée ?
C’est un disque pour lequel beaucoup de musiciens ont été invités, certains ne peuvent pas être là aujourd’hui puisqu’ils travaillent actuellement en Argentine. Il y a des membres de Karamelo Santo (les cuivres), Fidel Nadal ex-Todos Tus Muertos qui a activement participé au sein de la Mano Negra, il chante sur un itre, et il ya d’autres gens qui font d’autres trucs avec d’autres groupes. Il y a par exemple un autre morceau chanté par Alejandro de Satélite Kingston. Nous avons aussi fait une reprise des Clash pour une compile du label du bassiste des Fabulosos Cadillacs « Resiste ». Il y a d’autres potes encore.

Parlez nous de la scène argentine ? On dit qu’il y a beaucoup de squat où on peut jouer ?
La scène est très variée, il y a beaucoup de choses différentes et de qualité. A propos des squats, il y a en réalité peu d’endroits que l’on pourrait nommer squat ? En fait là-bas le squat vient de la culture punk. En Argentine il y a énormément de maisons qui sont occupées mais par des familles, par des gens qui n’ont pas d’endroit où dormir et qui prennent possession de lieux vides pour y vivre avec leurs enfants. Mais je n’appelle pas çà des squats, tu comprends !
Cà commence en ce moment. Par exemple, le dernier concert que l’on a fait avec tout un groupe d’artistes de rue, l’a été dans un hangar très grand, assez central dans la ville Buenos Aires. C’est là-dedans que l’on a fait notre dernier spectacle avant de venir ici. Mais ce phénomène est tout récent, faire un centre culturel… C’est cela qu’on peut appeler de véritables squats. Comme Martín le racontait, une famille qui ne sait pas où vivre, où dormir et qui voit une maison vide s’y installe, c’est autre chose.
Le phénomène squat n’est pas aussi développé qu’ici mais il est quand même important, ces familles qui occupent des lieux vides. C’est vraiment une situation difficile que l’on est en train de vivre en Argentine et dans toute l’Amérique latine je crois.

C’est difficile désormais de sortir de la capitale ?
Plus que tout, le problème est surtout économique.

Mais en ce moment les gens payent là-bas ou pas ?
C’est très différent ici. Bien sûr que là-bas aussi nous avons un pourcentage, nous avons un cachet à chaque fois qu’on joue. Mais on ressent qu’ici les gens font plus attention aux musiciens, jusqu’aux boissons et les repas. Ce n’est pas toujours comme çà là-bas, parfois si, parfois non. Il y a donc plus d’attention ici qu’en Argentine.

Ces conditions de tournée vont-elles rester sous formes de paroles dans de futurs morceaux ou est-ce que vous vous intéressez seulement aux thèmes de la fête et de l’amour ?
Pour moi particulièrement, moi qui écris la majeure partie des paroles, ce qui se passe, c’est que ce n’est pas les difficultés sociales qui m’aident à écrire, je pense à quelque chose et parfois oui j’ai envie de dénoncer quelque chose. Mais les paroles de Un Kuartito se réfèrent à différentes situations que sont arrivées qui sont réelles. J’invite quelqu’un à danser, à faire la fête par le moyen d’une chanson mais aussi je dénonce la corruption ou l’opression. Tout cela c’est la réalité comme je peux l’interpréter par l’intermédiaire des mots. Tout çà nous le ressentons.
Je crois qu’il est impossible de faire abstraction de ce qui se passe dans la société. On raconte des choses quotidiennes, quis e déroulent et c’est très varié : certaines chansons sont des chansons d’amour, d’autres dénoncent parce qu’on en ressent le besoin et voilà. Il y a beaucoup d’injustices.

Tous les groupes pensent comme vous ?
Cà dépend.
Je crois que les groupes ont davantage conscience et que l’idée est de transmettre un message pour que les gens prennent conscience et sachent que l’on peut recommencer de manière différente. Pas comme aujourd’hui avec la bourgeoisie qui dirige le pays alors que la majorité de la population n’a pas de travail ni à manger. Je crois que la conscience est en train de monter. Je ne sais pas quand ni comment mais je crois que quelque chose va se passer, et dans toute l’Amérique latine. On l’espère.

Vous voyez-vous comme un moyen de communication ?
Nous sommes un moyen d’expression et nous voulons que les gens qui peuvent venir nous voir en concert puissent s’identifier à ce qui se dit. Nous représentons ces gens.
Actuellement, les médias, la presse, ne vont jamais informer et dénoncer ce qui se passe car ils sont toujours du côté officiel, du pouvoir. Donc je crois que la diffusion que nous faisons par l’intermédiaire des spectacles de rue, des flyers, est assez indépendante. Je crois que c’est une forme de presse pour les gens, nos textes à messages. Nous ne sommes pas un groupe organisé et qui voulons organiser les gens mais nous faisons un art mais on essaie de transmettre des choses qui feront réfléchir les gens. Et ne pas attendre et rester à dormir.

Qu’allez-vous retenir de cette expérience européenne, loin de la crise argentine ?
Cette expérience, c’est pouvoir ressentir les émotions dans les différents lieux où nous passons et voir ce qui se passe ailleurs.
Ce que j’ai vu, personnellement, c’est que dans beaucoup d’endroits les gens ont pris notre musique comme de la simple diversion mais ils sont quand même organisés en groupes avec des buts. Et dans d’autres endroits, non ! Nous avons joué dans des lieux aussi différents que des squats ou des grandes salles. On voir la différence entre la working class, c’est à dire une classe qui a conscience d’un changement et une classe, qui ne voit rien et à qui çà plaît comme c’est. Cà m’a surpris car je ne pensais pas que ce serait comme çà. Venir en Europe, c’est pour voir ce qui se passe dans ce coin du monde, découvrir les gens, connaître les gens, visiter des endroits, profiter des paysages. C’est super, mais au niveau social voilà ce que j’ai ressenti de la part des gens.

Dernière question : de retour en Argentine qu’allez-vous faire ?
Arrivés en Argentine, on reprend les spactacles comme avant : l’un c’est Circo Marisko et l’autre Piramide Tour. Ce sera deux mois de travail séparé en faisant une autre activité. Et à la fin de la saison, nous nous retrouvons pour aller de l’avant.

Pour enregistrer ?
Enregistrer est l’un de nos objectifs à terme.

Merci Un Kuartito
Merci à toi.

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