The Slackers

Les Slackers est une de ces trop rares formations encore dans le circuit qui a su faire mûrir un ska-reggae reconnu internationalement. Depuis le début des années 90, ces New-Yorkais sont passés rapidement d’un ska 2-Tone à un style plus proche des racines jamaïcanes, un ska plus R’n’B, des rocksteady groovy et des reggae mâtinés de pop. Après leur premier opus chez Moon Records et quelques changements de musiciens, les Slackers signent chez Hellcat Records, sous-label de Epitaph dirigé par Tim Armstrong (du groupe punk californien Rancid).

« Wasted Days » est leur quatrième disque qui confirme un succès déjà bien établi. Le précédent était un live enregistré en Hollande à Sittard. La formation vient d’accueillir un nouveau batteur. Elle se compose désormais de Vic Ruggiero (chant / claviers), Marcus Gear (basse), Q-Maxx 420 (chant), Allen Teboul (batterie), Dave Hillyard (saxophone), Glen Pine (chant/ trombone), TJ Scanlon (guitare). On pourrait traduire slackers par « tires au flan », « branleurs »…


Dave Hillyard & The Rocksteady Seven, au Jo’s Pub, NYC, avril 2003

C’est Dave Hillyard qui se prête agréablement à nos questions. Pour les amateurs de ska actuel, Dave n’est pas un inconnu puisqu’il est déjà passé par des formations connues comme The Donkey Show. Il a joué du sax au début de Hepcat puis pour Mighty Mighty Bosstones et The Stubborn Allstars. C’est en 1992, qu’il intègre les Slackers quand il quitte sa Californie natale pour s’installer à New York. Petit à petit, Dave va lancer une aventure personnelle en développant son Rocksteady 7 sans que cela entache sa contribution aux Slackers pour autant.

A côté de la musique jamaïcaine, vos influences musicales semblent être country, swing et latines…
Dave : Nous aimons commencer avec une base jamaïcaine et y ajouter des morceaux d’autres styles. La musique jamaïcaine nous a permis de regarder les Etats Unis comme dans un miroir. Ce constat fait, nous avons réorganisé notre musique américaine à la lumière de la jamaïcaine. Donc nous mélangeons soul, country, swing, influences latines avec autant d’apports jamaïcains.

Quelles sont les différences entre la version 33 tours et CD de votre dernier opus « Wasted days » ?
Dave : La version vinylique et compact sont complètement différentes. Il y a seulement deux titres identiques ! Le CD contient seize titres, à la fois ska et reggae avec une reprise d’un titre de Bon Jovi. C’est une sorte d’assemblage mixé comme un tout, avec des bruitages et des interludes musicaux. Le 33 tours a une dizaine de titres, des remix et des versions différentes du CD. Plusieurs morceaux n’apparaissent pas sur le compact : il y a beaucoup plus de dub sur le vinyle.

Est-ce que les fanzines de bandes dessinées font partie de la culture des Slackers ? Qu’en est-il du fanzine « Wasted Days » présent sur votre pochette d’album ?
Dave : Eh bien, « Wasted Days » est bien un fanzine BD. Nous avons loué les services d’un artiste qui a dessiné la couverture pour nous. Personnellement, j’aime les BD « underground » des années soixante comme « Les Fabuleux Freak Brothers ». (ndlr : la pochette est une photo de Miki, la fille du chanteur, en train de lire une BD underground, intitulée « Wasted days » et réalisée par Adrienne, la petite amie de leur tour manager !)

Je ne trouve pas vos pochettes très gaies ou belles. Qu’en penses-tu ?
Dave : Je ne suis pas sûr de saisir ce que tu veux dire. Moi, je les trouve belles, dans le sens où je les aime ! Nous ne sommes pas un de ces groupes de ska bien heureux et gentillet, gavés de damiers et de types idiots dansants sur leurs pochettes. Nos chansons parlent de nos vies alors nous mettons des images d’elles sur nos pochettes. Pour « Red Light », la photo représente mon lieu de sortie favori dans Brooklyn (ndlr : il s’agit du John’s Rest & Bar). « The Question » a été tirée dans la maison d’un ami de la Nouvelle Orléans où nous sommes restés pas mal de temps. Les photos de « Wasted Days » ont été prises dans et autour de l’immeuble où nous répétons sur la troisième rue dans Manhattan. Donc ce ne sont pas des images fantaisistes, mais elles sont enracinées dans notre réalité quotidienne.

Qui est Agent Jay, le guitariste qui joue sur beaucoup de titres de votre dernier album ?
Dave : Agent Jay est un ami des Slackers depuis très longtemps. Il joue dans le groupe de King Django et a déjà fait partie des formations The Stubborn Allstars et Agent 99. C’est comme ça que nous lui avons trouvé son surnom : Agent Jay.

Je trouve très bon ce titre du 33 tours, « A Fifth of Slack », réalisé avec la collaboration de la violoniste Regina Ballentese.
Dave : Yeah, « A Fifth of Slack » (ndlr : la cinquième du branleur ?). Le titre est une parodie du classique disco « Fifth of Beethoven » (ndlr : la cinquième de Beethoven). J’ai eu beaucoup de plaisir à enregistrer et à mixer les violons. Tu vois, ce titre est la version instrumentale du morceau du même nom mais chanté sur le CD. Cela ressemblait à du Curtis Mayfield, alors j’ai voulu y mettre des cordes dessus. J’ai poussé les violons si forts qu’ils affolaient les aiguilles de la table de mixage. Yeah !!

Comment s’est passé la collaboration de Vic avec les Persiana Jones et pourquoi avez-vous réenregistré « Fifteen » (quinze) sur « Wasted Days » ?
Dave : Vic a rencontré Persiana Jones grâce à notre manager pour la tournée italienne, Sergio Fabruzzi. Il est de Turin comme les Persiana. Ils étaient en studio et Vic les a rejoints pour bœuffer avec eux. Ils avaient un rythme prêt et Vic a écrit une chanson pour eux. Donc nous avons tourné sans jouer ce titre et nous l’avons repris à notre compte un peu plus tard. Je pense que les deux versions sont très différentes.

La plupart de vos disques sont mixés par Albert Caiati et enregistrés dans le studio Coyote. Qui est Albert ? Le Coyote, est-il son studio ?
Dave : Albert est l’ingénieur du son et possède le studio Coyote. Il est très doué et fait partie du son des Slackers sur chacun de nos albums que nous avons enregistrés. Il a un studio rustique au son chaud et le temps ne compte pas.

Les dub sont mixés par Glen Adams, le célèbre organiste jamaïcain. Il a été déjà invité sur vos précédants albums. Quelles sont vos relations avec lui ? Quand tournerez-vous avec lui comme ingénieur du son ?
Dave : Glen est une légende. Il a joué sur tous les disques des Upsetters (ndlr : groupe de studio de Lee Perry). Il a un studio à New York et travaille sur des choses très différentes. Il est le mentor de Vic comme pianiste et ingénieur du son. Tu sais qu’il a des droits sur le « Ice Ice Baby » de Vanilla Ice (ndlr : rappeur blanc du début des 90’s) ? La chanson de David Bowie dont Vanilla Ice s’est servi (ndlr: c’est plutôt un titre de Queen à l’origine me semble-t-il), vient en fait d’un morceau des Upsetters !

Qu’est-ce que Relaxo Music ? Votre propre label ?
Dave : Relaxo Music est notre société d’édition. Nous en possédons le nom. Nous avons le contrôle sur les chansons que nous écrivons ainsi nous nous protégeons du piratage.

Il y avait un bon public pour votre concert de Bordeaux (au CAT, 23 avril 2001). Le ska et le reggae ont le vent en poupe en France. Mais la rumeur dit que la scène est au plus mal aux States. Qu’en penses-tu ?
Dave : Pour nous, nous faisons maintenant le meilleur que nous ayions jamais fait aux Etats Unis. Quand le ska était énorme aux States nous n’étions pas très connus parce que nous ne jouions pas de ska-punk. Vers 1997, quand nous avons réalisé « Red Light », nous étions autant populaires en Europe qu’aux USA. A présent, nous sommes bien plus célèbres chez nous. Dans beaucoup de villes comme New York et Los Angeles, nous remplissons de très bonnes grosses salles (de 1000 personnes par exemple). Bien sûr, les USA sont un immense pays et il y a énormément d’endroits où les gens n’ont jamais entendu parler de nous. Nous sommes très « underground ».

Où en sont tes projets avec le Rocksteady 7 ?
Dave : Je travaille en ce moment sur le nouvel album de Rocksteady 7. Il est à moitié prêt. J’espère transformer la mentalité des gens avec des morceaux qui seront dessus ! (ndlr: selon Skanews n°50, plus de six morceaux sont déjà dans la boîte !).

Trois titres de « The Question » enregistré à Los Angeles; Hellcat, votre label, est basé à L.A., un article français qui titre « The Slackers : California says you will » (Ragga magazine n° 18). Est-ce que le groupe projette de s’installer en Californie ?
Dave : J’ai grandi en Californie mais le reste du groupe vient de New York. Les Slackers sont un groupe très new-yorkais. Je ne sais pas si tu peux publier ceci, mais l’accent de Vic sonne vraiment new-yorkais ! Peu de chance que nous déménagions en Californie dans un avenir proche…

Heureusement, nous allons faire quelques dates en France en septembre. J’espère vous y voir nombreux.

Discographie sélective :

  • The Slackers : « Better Late Than Never », Moon Records 1996.
  • « Red Light », Hellcat 1997.
  • « The Question », Hellcat 1998.
  • « Live at Ernesto’s », Hellcat 1999.
  • « Wasted Days », Hellcat 2000.
  • « Slackers & Friends », Spectah Potato 2003
  • Dave Hillyard & The Rocksteady Seven : « Playtime », Hellcat 1999.
  • Dave Hillyard & The Rocksteady Seven : « United Front », 2003

Visitez leur site web : www.theslackers.com

Merci à Emmanuel « Let’s Skank » Jaussely pour son aide.

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